Marie Michielssen: Les Lumières
- 14 mars 2023
Après avoir marqué de son empreinte la marque de design Serax des années durant, Marie Michielssen sort de l’ombre avec sa propre collection de meubles. Nous l’avons invitée à une visite guidée de notre siège à Anvers et lui avons demandé de nous indiquer son œuvre favorite. Récit d’une procession débouchant sur un échange philosophique autour de l’authenticité, la durabilité et la recherche d’intemporalité.
La beauté m’apporte du réconfort. Elle réchauffe l’âme.
Depuis sa rénovation, notre bâtiment historique situé Jan Van Rijswijcklaan abrite une vaste collection d’objets d’art et de design. Avec l’idée d’interaction enrichissante entre valeurs sûres et jeunes talents, nous avons demandé à Marie Michielssen de choisir son œuvre préférée. La designer arrive pile à l’heure au rendez-vous. Habitant à deux pas, elle a bravé la circulation dense à vélo. Mais une fois les pinces à pantalon enlevées, la créatrice prend le pas.
Concentrée, elle profite des lieux et, au cours de la visite, s’arrête régulièrement pour regarder de plus près l’une ou l’autre œuvre d’art. La nostalgie dans ses yeux trahit sa sensibilité d’artiste que ses mots confirment. « Pour moi, la beauté apporte du réconfort, elle réchauffe l’âme. Tout ici est si raffiné et a été choisi avec le souci du détail. Les pièces anciennes et modernes se côtoient en harmonie. Cet agencement délibéré crée une interaction symbiotique entre les œuvres d’art et les objets de design. Cet effet est renforcé par un choix sophistiqué de textiles et de matériaux tactiles. Il en résulte que chaque pièce dégage une sensation de chaleur et de confort. Ma passion a toujours été de créer une ambiance dans chaque intérieur. Pas étonnant qu’une visite de ce magnifique bâtiment mette tous mes sens en émoi », indique Marie Michielssen, avant de poursuivre sa visite.
La recherche de la durabilité s’inscrit dans le prolongement de ma quête d’authenticité.
Elle aussi a conçu des luminaires pour Serax, mais principalement en expérimentant le papier mâché. «Je pense que Nathalie et moi aimons toutes les deux travailler les formes et leurs interactions, mais son style est un peu plus rigide que le mien. J’ai tendance à travailler plus intuitivement. D’où mon amour pour le papier mâché. Il a quelque chose de naïf et d’artisanal.» Si Marie Michielssen peut se prévaloir de plus de 30 années d’expérience, elle ne se sent pas particulièrement bien placée pour donner des conseils à un jeune talent comme Nathalie Dewez. « Elle a une signature magnifique et ses créations transcendent l’intemporalité. En fin de compte, c’est aussi ce à quoi j’aspire. C’est pour cela que je suis sortie de l’ombre avec ma propre collection de meubles. Ainsi, je peux concevoir des produits faits pour durer. Comme une table ou une armoire qui se transmet de génération en génération. Des grands-parents aux parents, puis aux enfants. La recherche de la durabilité s’inscrit dans le prolongement de ma quête d’authenticité et de mon amour de l’artisanat. Je me laisse guider par mes sentiments, et j’espère ainsi embellir la vie des gens. Tout comme la lampe de Nathalie Dewez m’a touchée, je veux en faire de même pour les autres. »
Ou comment prendre le terme les « Lumières » – courant intellectuel fondé sur la raison pour lutter contre l’obscurantisme – au pied de la lettre.
Qui est Nathalie Dewez ?
Diplômée en 2001 de La Cambre Arts Visuels à Bruxelles, le design de Nathalie reflète une passion pour les formes sculpturales et les savoir-faire de qualité.
Sensible à la dualité entre le matériel et l’immatériel qui caractérise ces produits, elle a commencé par développer de nombreux appareils d’éclairage, en restant toujours attentive tant à la fonction et à la qualité de la lumière qu’à la présence plastique de l’objet éteint.
Son travail s’étend aujourd’hui du petit objet à l’installation monumentale, de la pièce unique au produit industriel. Elle dessine des appareils d’éclairage, mais aussi des objets, du mobilier ou des pièces plus sculpturales, et intervient également comme consultante en éclairage. Son travail se signale par une rigoureuse économie de moyens, travaillant à partir d’un minimum de composantes matérielles aisées à mettre en œuvre.
En 2011, elle reçoit le Prix Design de la Fondation Pierre Bergé et est élue, la même année, Designer belge de l’année. Certaines de ses pièces iconiques seront récompensées et rejoindront des collections de renom tel le Centre National des Arts Plastiques (CNAP). La présence de Nathalie Dewez à de nombreux salons et expositions lui a permis de collaborer avec des bureaux d’architecture tel Archi2000 ou des éditeurs comme Ligne Roset, Vervloet et Habitat.